Journée nationale du souvenir et de recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d'Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc

« Le devoir de mémoire est aussi un devoir de témoignage. Mais c’est également le droit à la vérité – vérité historique, dépourvue de visée politicienne laquelle cherche à orienter l’histoire et à la juger avec notre regard actuel. » Estelle Bomberger-Rivot, maire de Nogent-sur-Seine.

Vendredi 19 mars 2021 a lieu la Journée nationale du souvenir et de recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d'Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc. En raison du contexte sanitaire, la commémoration s'est déroulée ce matin, Place d'Armes, avec un public restreint.

Retrouvez l'allocution d'Estelle Bomberger-Rivot, Maire de Nogent-sur-Seine.

qui s'est poursuivie par les lectures du message du Comité National de FNACA par Michel Guélin, Président du Comité du Nogentais et du message de Madame la Secrétaire d'Etat auprès de la Ministre déléguée des Armées par Julien Bachelet, Secrétaire général de la Sous-Préfecture de Nogent-sur-Seine.

-----

Le 18 mars 1962 sont signés les accords d’Evian, dans lesquels figure, à l’article 1er, l’accord de cessez-le-feu en Algérie. Il est rédigé en ces termes « Il sera mis fin aux opérations militaires et à toute action armée sur l’ensemble du territoire algérien le 19 mars 1962, à 12 heures. »

Le droit des Algériens à l’autodétermination défendu par le Général De Gaulle depuis son discours du 16 septembre 1959, devient une réalité politique.

Cependant, les accords d’Evian restent pour l’essentiel une proclamation de principe. Ils jettent les bases d’un Etat algérien en devenir avec lequel la France espère pouvoir coopérer. Mais ces espérances laissent place à une réalité beaucoup plus complexe, contrastée, meurtrière voire barbare.

Cette guerre d’Algérie qui trop longtemps n’en porta pas le nom, est restée en cicatrice dans nos mémoires collectives, de combattants ou d’exilés. C’est un traumatisme durable qui perturbe encore la vie politique française.

La commémoration de ce jour est celle de l’arrêt officiel des combats. Pourtant l’horreur a continué, encore plusieurs mois.

Si aujourd’hui les combats ont définitivement cessé, il n’en reste pas moins que les relations entre nos deux pays ne se sont jamais totalement apaisées.

On voit là les effets dévastateurs sur plusieurs générations de conflits armés mêlés à des enjeux de politiques internes.

Messieurs, vous aviez 20 ans lorsque vous êtes allés combattre pour la France. Pour ses intérêts. Pour ses valeurs. Pour sa grandeur.

Votre témoignage est essentiel pour que les jeunes générations comprennent leur passé et se l’approprie. Sans cette compréhension du passé, il n’existe pas de présent apaisé et encore moins d’avenir commun. Nous constatons tous les jours à quel point l’ignorance provoque la manipulation, la haine et la violence.

Le devoir de mémoire est aussi un devoir de témoignage. Mais c’est également le droit à la vérité – vérité historique, dépourvue de visée politicienne laquelle cherche à orienter l’histoire et à la juger avec notre regard actuel.

L’histoire appartient au passé. En revanche ses leçons restent vivantes, surtout lorsqu’elles sont encore incarnées.

C’est votre mission, aujourd’hui mais pas seulement. Et nous vous savons gré de la remplir avec autant de dignité.

Devant ce monument aux morts, nous retrouvons l’unité nationale. Comme chacun d’entre vous, j’ai hâte que ces cérémonies s’organisent de nouveau en présence du public, avec plus de représentants officiels, et avec des jeunes. Ils sont les héritiers de la mémoire. Ils incarnent la Nation.

Pour reprendre les mots de Ernest Renan, « Une nation est une âme, (…), le désir de vivre ensemble, la volonté de continuer à faire valoir l'héritage qu'on a reçu indivis. »

Votre présence contribue à faire Nation. C’est bien là l’essentiel.

Vive la République ! Vive la France !

Estelle Bomberger-Rivot, maire de Nogent-sur-Seine.